Tro Bro Leon (40e édition)Arnaud De Lie a sorti ses cornes de Taureau de Lescheret (sa ville d’origine) au moment de percer la ligne d’arrivée du Tro Bro Leon 2024 à Lannilis. Le jeune Wallon faisait ressortir toute sa rage après une course semée d’embûches, c’est le moins que l’on puisse dire. Le coureur de 22 ans a crevé à cinq reprises (dont une fois des deux roues !) via les 29 ribinous du parcours au point d’envisager de jeter l’éponge comme le confiait le manager (breton) de la formation Lotto Dstny, Stéphane Heulot après coup : « Il a fallu le remobiliser parce qu’il voulait abandonner. Il en avait marre, il voulait arrêter. Je lui ai dit de rester calme. » Ce qu’il a réussi à faire. « On a vraiment eu beaucoup de malchance avec l’équipe. C’était dur, mais j’ai su rester calme avec une solide équipe autour de moi », pouvais souffler celui qui a été porté par quatre de ses coéquipiers vers la victoire finale.
Arnaud De Lie : « La maladie est dernière moi »
À 9,5 kilomètres de l’arrivée, les poursuivants dépassaient Van Niekerk, l’échappé du jour pour finir sur un sprint maîtrisé par le dossard n°1. « Je suis resté calme au moment du sprint. J’ai pas fait la même erreur que l’année passée. Pas commencer la cuvette en première position. Et dès que j’ai lancé, j’avais de bonnes jambes, confie Arnaud De Lie. J’ai rarement eu des jambes comme ça. Comme on dit dans le vélo, je puais la force. » Parce que le coureur belge revient de loin, de très loin, et pas que sur les chemins du Tro Bro Leon. Son début de saison a été tronqué par sa contraction de la maladie de Lyme après la morsure d’une tique.
Le coureur de Lotto Dstny, vainqueur à dix reprises la saison passée, a su reprendre le cours des événements après un traitement antibiotique et repartir de plus belle sur la selle. Vainqueur du Fammene Ardenne Classique, le 28 avril dernier, il s’est positionné sur le podium du Grand Prix du Morbihan ce samedi. Il donnait néanmoins des nouvelles rassurantes au pied du podium après sa victoire : « La maladie est dernière moi mais on ne sait jamais. C’est une crasse donc il faut rester prudent. » Prudence et persévérance. C’est ce qu’il a réussi à faire, dans une course où il a terminé quatrième, et deuxième sur les deux dernières éditions. « C’est vraiment exceptionnel. C’est une course qui me tenait vraiment à cœur. »
Exception à la règle
Une course en pleine campagne qui lui rappelle son petit village d’origine à Lescheret, dans l’Ardenne belge. Ses parents y tiennent une ferme où il a l’habitude de venir donner un coup de main. D’ailleurs, avant le Tro Bro Leon, il avait annoncé au média belge RTBF vouloir repartir avec le porcelet promis au premier breton. « Il aime cette course qui sort des sentiers battus. Il aime son histoire, l’histoire avec le cochon, avouait Stéphane Heulot. Son côté terrien. Et puis, l’endroit stratégique, c’est le secteur de la ferme. La ferme, c’est Arnaud. »
Sur le podium, le vainqueur du jour a exceptionnellement eu le droit à une compensation : une peluche et un porcelet en chocolat. Le précieux sésame ayant été remis à Mathis Le Berre, 14e et premier local de l’étape. « Si les organisateurs avaient décidé de me le donner, j’avais déjà la laisse et une petite cage », se marrait le Belge après coup. Sourire aux lèvres, le Taureau pourra au moins ramener dans sa ferme de Lescheret le trophée du Tro Bro Leon, surnommé l’enfer du Nord-Finistère. Il ne l’a pas volé !