Tro Bro LeonL’équipe Lotto Dstny a fait grosse impression…
Pour être franc, on a connu un moment compliqué lors de l’enchaînement des quatre secteurs, après Guissény. Ce sont des parties où l’on crève beaucoup et Arnaud (De Lie) n’est pas un coureur très très soigneux avec le matériel. L’an dernier, sur Paris-Tours, je me souviens qu’il avait perdu la course sur ennui mécanique. Aujourd’hui, il a crevé à cinq ou six reprises, une fois des deux roues !
Malgré tout, il gagne…
Il a fallu le remobiliser parce qu’il voulait abandonner. Vraiment il en avait marre, il voulait arrêter. Je lui ai dit de rester calme. Quand il est revenu dans le jeu avec Cosnefroy et qu’il a encore crevé, ça a été compliqué psychologiquement pour lui. Mais les gars ont été admirables pour lui. Ensuite, je savais qu’il aurait du mal à être battu. Sans le collectif, il ne revient pas d’outre-tombe.
Il vous avait dit qu’il voulait gagner le Tro Bro Leon…
Oh oui ! Il aime cette course qui sort des sentiers battus. Il aime son histoire, l’histoire avec le cochon. Son côté terrien. Et puis, l’endroit stratégique, c’est le secteur de la ferme. La ferme, c’est Arnaud. Il a toujours marché ici : quatrième (2022), deuxième (2023) et maintenant premier.
Même s’il a parfois envie de tout péter, il écoute, il respecte le travail de ses copains.
Selon vous, a-t-il retrouvé son meilleur niveau ?
Non, il n’est pas encore au top. Mais c’était important pour lui de performer. Il m’a vraiment impressionné. Sa résilience m’a bien plu. Même s’il a parfois envie de tout péter, il écoute, il respecte le travail de ses copains. A lui comme aux autres, je lui ai dit que je voulais des killers (tueurs). Je suis fier d’eux.
Ses soucis de santé, la maladie de Lyme, c’est derrière ?
Oui, oui. Encore une fois, j’ai tout de suite relativisé. Il y a eu la maladie de Lyme, il a posé le vélo pendant deux semaines mais il est aussi tombé quatre fois en quinze jours. Dans ces conditions, il ne pouvait pas performer. Cela dit, s’agissant de cette maladie, j’ai été vite rassuré par les médecins et les experts. Il était au stade primaire de cette maladie de Lyme. Moralement, il a mal vécu cette période car il n’avait jamais connu de mauvais moments. Là, il a découvert ça, le stress des responsabilités, la méchanceté des réseaux sociaux.
Jusqu’où peut-il aller ?
Il faut laisser faire les choses, il est encore brut de décoffrage, il a plein de choses à corriger. Je n’attends rien, j’ai confiance. C’est un talent, il est juste super fort. Pour moi, c’est un type flandrien, un mix entre Peter Sagan et Tom Boonen. Il va découvrir le Tour de France cet été.