Cette qualification olympique, vous vous y attendiez un peu ou c’est une surprise totale ?
Les derniers résultats me faisaient penser que j’allais être sélectionnée, mais c’était chaud, car hormis la N.1 mondiale (Sara Balzer), personne n’avait aucune assurance. Au moment de l’annonce, ça donc plus été un soulagement qu’une surprise.
À quel moment avez-vous compris que vous étiez dans les clous ?
Lors de la Coupe du monde à Orléans en décembre où je renoue avec le podium devant toute ma famille en mettant tous les bons ingrédients, notamment la bonne concentration. Car depuis ma reprise après ma maternité, j’étais bien physiquement, techniquement et tactiquement, mais sur le plan mental, j’avais plus de mal à me concentrer vraiment sur la bonne action. Ce jour-là, les planètes se sont alignées et j’ai vraiment pu lancer ma saison. D’ailleurs, je gagne les championnats de France dans la foulée.
Comment avez-vous réagi à l’annonce de cette troisième participation aux Jeux ?
J’avais du mal à tenir debout lors de cette visio qui réunissait toutes les filles qui avaient participé à une épreuve de Coupe du monde. J’avais mon conjoint à côté qui était avec les écouteurs afin qu’il le sache en même temps. Il a toujours été là pour moi, donc c’était logique qu’il soit associé. Et évidemment, quand la bonne nouvelle arrive, on pense à la famille, à tous les gens qui y ont cru.
Vous avez d’ailleurs évoqué votre maman décédée en 2022 sur les réseaux sociaux…
Oui, elle est tombée malade, un cancer du cerveau, quand j’étais aux Jeux de Tokyo en 2021 puis est décédée au moment où je reprenais l’escrime après avoir accouché. Ça été très dur car tout s’est mélangé. Mais elle a au moins pu connaître sa petite-fille et m’a donné de la force en se battant jusqu’au bout.
Quel va être le programme d’ici les Jeux ?
On a beaucoup de stages, un Grand Prix, une Coupe du monde, les championnats de France par équipes et les championnats d’Europe. Les semaines vont être remplies, mais c’est bien calé.
L’expérience de vos deux précédents Jeux va être utile, non ?
Oui, ça va jouer en ma faveur pour la préparation, pour les Jeux et notamment le village olympique où tu as envie d’aller voir et de regarder partout les autres grands champions. Pour le jour J aussi. Après, chaque olympiade ne se ressemble pas, celle-ci va être différente car à la maison, mais cette expérience va m’aider, oui.
Au sabre féminin, la France va faire partie des favorites en individuelles et par équipes. C’est une pression supplémentaire ?
Ça fait un moment que l’équipe est forte, ce sera à nous de partir à la conquête. On est dans la position d’être chassées, mais on peut continuer à chasser. J’ai des vraies tueuses avec moi. On dit que je suis mauvaise perdante, mais il n’y a qu’à voir les autres sélectionnées, même pour un simple jeu de cartes… Sur ce point, l’équipe est incroyable. On aurait pu d’ailleurs en faire deux aussi fortes. Je suis donc très contente d’en faire partie.
Comment réagissez-vous aux évènements qui secouent l’escrime française actuellement, notamment l’épée masculine ?
En sabre féminin, on a la chance que les choses soient réglées avec deux entraîneurs qui s’entendent bien et un climat serein. Bien sûr que ça nous touche, car quelque part, ce sont des collègues de travail. C’est surprenant de voir ce bazar, et on a envie que les choses s’apaisent car les différents collectifs de l’escrime française sont forts. Et quand on peut avoir de la maîtrise, c’est quand même mieux pour gagner.
Les quatre qualifiées : Sara Balzer (N.1 mondiale) Manon Apithy-Brunet (N.4) Cécilia Berder (N.18) et Sarah-Camille Noutcha (N.39) comme remplaçante.